L’ire de la ruralité

« La commune rurale, aujourd’hui, plus que jamais », c’est le mot d’ordre de l’Association des maires ruraux de France qui tenait un congrès animé la semaine dernière à Saint-Léger-les-Mélèzes.

Particulièrement mécontents des dernières décisions impactant leurs territoires et déçus du manque de considération du pouvoir central, les memebres de l’AMRF n’ont pas manqué d’exprimer cette grogne à l’occasion de leur congrès, notamment marqué par la présence du ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard et de la ministre de la Transition écologique et solidaire chargée des Transports Élisabeth Borne.
On connaissait des sujets de discorde de longue date et largement débattus entre les élus ruraux et le gouvernement, comme la gestion des populations d’ours et de loups, particulièrement dans les communes de montagne.
Plus récemment, ce sont les thématiques liées aux transports qui entretenaient la grogne : instauration de la limitation de vitesse à 80 km/h, tarification des carburants, arbitrage autour du maintien des lignes ferroviaires… Sur cette thématique, le gouvernement s’est attiré les foudres des élus territoriaux présents à Saint-Léger-les-Mélèzes sur un nouveau sujet : le plan vélo, jugé déconnecté de la réalité rurale. Cette nouvelle thématique vient allonger la liste des désaccords.
« Pour alerter l’opinion publique et dire à l’État leur ras-le-bol de sa défiance vis-à-vis des élus » , l’AMRF et son président Vanik Berberian ont fait le choix d’une action dans le cadre du processus des élections européennes. Habituellement transmis par les communes aux services de l’État, les résultats du scrutin européen resteront cette fois en mairie le 26 mai 2019. Charge aux préfectures de venir en prendre connaissance et de les récupérer directement aux horaires d’ouverture des mairies. « Cette action a été décidée afin de ne pas pénaliser les citoyens et d’interpeller l’opinion publique. » précise le communiqué de l’association, qui appelle les autres élus du pays à lui emboîter le pas.
Cette démarche devrait s’accompagner d’un courrier d’information à tous les habitants des communes rurales expliquant « les menaces qui pèsent sur la démocratie locale. Compte tenu de la volonté de l’État et de l’Assemblée nationale (Loi NOTRe, dont l’obligation de transfert de la compétence Eau et Assainissement par exemple), la volonté d’affaiblir la commune en la privant de moyens d’agir et de compétences est très claire. Le risque de remise en cause du modèle démocratique de notre République est réel. »