Quels usages de la forêt ?

Dans l’un de ses rapports, le Conseil général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces ruraux (CGAAER) met en avant les services rendus par la forêt. Pour autant la ressource fait face à des conflits d’usage …

Première fonction et non des moindres : la substitution et le stockage du carbone par la forêt et le bois. Selon le CGAAER, les émissions françaises de carbone dans l’atmosphère se montent à 85 millions de tonnes par an. Un chiffre qui pourrait s’élever à 118 million «si les forêts françaises n’étaient plus gérées durablement.»

Autre service rendu par cet espace naturel d’après le rapport : la forêt limite l’érosion des sols, évite le ruissellement et joue un rôle tampon vis-à-vis des pollutions aux nitrates ; une zone forestière de cinq mètre de large le long des rivières peut dépolluer 80% des nitrates présents. Une solution déjà retenue par de nombreuses villes pour préserver leur ressource en eau, comme en témoigne le Centre régional de la propriété forestière : «Si elle coûte donc plus cher au départ, la solution du boisement assure en fait et à court terme de substantielles économies, l’eau ne nécessitant ensuite plus qu’un traitement très léger pour être consommable.»

Si la forêt rend de nombreux services écologiques, sa valorisation et la filière bois doivent faire face à de nombreuses difficultés. Ainsi malgré un doublement de sa surface en 200 ans, pour arriver aujourd’hui à 16,4 millions d’hectares, elle est au cœur de conflits d’usage entre énergie, industrie et construction.

Le secteur du bois énergie devrait ainsi prendre une place plus importante à l’avenir. Le gouvernement souhaite porter à 23% d’ici à 2020 la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique, dont 11 Mtep issues de la biomasse.
L’autre secteur en croissance, c’est la construction. Le nombre de maisons en bois ne cessent de croître depuis une quinzaine d’années : + 10% annuel environ selon le CGAAER. En 2012, 12% des maisons individuelles en secteur diffus et près de 20% des extensions étaient construites en bois. «L’objectif de développer les constructions en bois accroît la demande de bois résineux, note le CGAAER. Il ne faudrait pas que le développement, souhaitable et déjà bien engagé, de cette forme écologique de construction conduise à augmenter les importations de bois étrangers.»

A toutes ces contraintes vient s’ajouter la prise en compte de l’adaptation au changement climatique ; la surface sensible aux feux de forêts pourrait franchir la barre des 7 millions d’hectares d’ici 2040…