Congrès de l’AMF : opération déminage

En clôture du 100e Congrès des maires, ce 23 novembre, le Président de la République est arrivé sous les sifflets, mais il en est ressorti sous les applaudissements. Sans rien céder sur sa ligne, Emmanuel Macron a tenté de désarmer la fronde des maires. Au fil d’un discours d’une heure et demie, le chef de l’État a décliné point par point les inquiétudes des élus locaux pour faire accepter – à défaut d’adhérer – ses réformes fiscales et territoriales à venir.

D’entrée de jeu, Emmanuel Macron a reconnu ses erreurs : « Il est vrai que des mesures prises durant l’été qui touchaient les collectivités n’ont pas été dûment concertées, présentées, je le reconnais parfaitement ». Sans revenir sur ces mesures, le chef de l’État a pris le parti de les défendre. Sur les 13 milliards de réductions des dotations aux collectivités locales pendant son quinquennat ? « Plus de 99 % des communes ne sont pas visées par cette contractualisation », a-t-il indiqué. En effet, seulement 300 à 600 des plus grandes collectivités seraient concernées par les contrats de dotations que le gouvernement entend passer pour limiter à 1,2 % la hausse de leurs dépenses annuelles de fonctionnement, en échange de davantage de libertés d’organisation et de gestion. Pour les autres, « les concours financiers de l’État seront maintenus et l’État ne demandera aucune contrepartie », s’est engagé Emmanuel Macron. De quoi rassurer l’auditoire, composé en grande partie de maires de petites et moyennes communes.
Mais les élus locaux se sont rapidement réveillés dès l’instant où Emmanuel Macron a abordé l’épineuse question du dégrèvement de la taxe d’habitation pour 80 % des contribuables, pendant trois ans. Le Président de la République a coupé court aux sifflets : « À peu près tous ceux qui aujourd’hui font l’apologie de la taxe d’habitation sont ceux qui la dénonçaient hier ! Ça fait plus de 40 ans dans notre pays qu’on dit ”cet impôt est injuste”. Et qui est la victime de cette affaire ? Je vais vous le dire : les territoires les plus modestes et les classes moyennes ». Emmanuel Macron s’est donné un an pour aboutir à la refonte complète de la fiscalité locale. Le débat sur le sujet aura lieu en 2018, lors de la conférence territoriale, et la décision sera prise en 2019 en vue d’une application en 2020. En attendant, Emmanuel Macron a promis une compensation financière « au centime près » de ces 10 milliards d’euros de ressources manquantes par les communes, déboursée « non pas par de la dette, mais par des économies réalisées par l’État ».
Pour ce baptême du feu d’Emmanuel Macron face aux maires de France, plus de la moitié du gouvernement, dont le Premier ministre lui-même, avait été mandaté pour déminer le terrain en amont lors des débats organisés durant les trois jours de congrès. Emmanuel Macron s’est engagé à revenir sur place chaque année durant son mandat, contrairement à ses prédécesseurs, avant de conclure par un remarqué « merci pour vos colères et vos indignations ». Faute de résultat, il pourrait les retrouver renforcées dès l’année prochaine…