Conférence de Varsovie, un compromis de dernière minute

La dix-neuvième Conférence des Parties sur le changement climatique, ou COP, de Varsovie , qui s’est tenue du 11 au 22 novembre, a bien failli ne voir aucun accord aboutir, la faute à des nuits de négociations et à une méfiance toujours plus grande des Etats du sud à l’encontre des Etats du nord. Avec vingt-quatre heures de retard, les délégués représentant les pays participants ont adopté un accord engageant les pays du nord comme du sud à s’orienter vers des contributions à la lutte contre le changement climatique d’ici à 2015. 2015 sera une année fatidique pour l’environnement puisque les Etats devront adopter, à Paris, un nouvel accord international assurant le relais du Protocole de Kyoto.

La feuille de route adoptée à Varsovie prévoit dans ses lignes que «les pays qui le peuvent, fourniront leurs contributions de réduction des émissions en avance de la Conférence de Paris». Notons bien la terminologie adoptée par le texte qui parle de contributions et non d’obligations, ce qui révèle surtout que l’accord adopté ne sera pas et n’est pas contraignant. Pour Ronan Dantec, porte-parole climat de l’organisation mondiale Cités et Gouvernements Locaux Unis, «l’enjeu de Varsovie était bien d’éviter l’échec. Le compromis trouvé sur le texte d’application du Protocole de Durban, sur l’annonce par les pays de leurs propositions de réduction d’émissions au premier trimestre 2015, mais sans qu’il ne s’agisse d’engagements contraignants, est dans la grande tradition des compromis onusiens. Les Européens ont évité le retour de la mention aux pays développés comme seuls contributeurs à l’effort de réduction, la France a un calendrier acceptable pour préparer une conférence qui devra trouver le moyen de se dégager d’un fonctionnement des COP dont la lourdeur est en soi l’une des principales difficultés». De son côté, Corinne Lepage, députée européenne, estime que «la feuille de route adoptée à Varsovie laisse tous les obstacles devant nous, et la France va devoir redoubler d’efforts pour espérer aboutir à un nouvel accord sur le climat en 2015. Pour y arriver, Pais va devoir jouer collectif avec ses partenaires européens et les pousser à relever le niveau d’ambition de l’Union européenne pour les objectifs climat de 2030». Il semblerait, comme l’indique le réseau action climat, que «les pays sont venus à Varsovie sans la moindre envie de renforcer l’ambition climatique, pourtant indispensable. Le gouvernement japonais a annoncé qu’il voulait transformer son objectif de réduction de ses émissions de –25% en un objectif de +3,1%. Le gouvernement australien a annoncé qu’il voulait affaiblir sa politique climatique. Et l’Union européenne n’a rien proposé d’ambitieux, alors qu’on attendait d’elle qu’elle tire les autres pays vers le haut».